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En plus de la photographie, depuis toute petite,
j'écris.

J'écris plus ou moins tous les jours, des pensées, des réflexions, des notes, des observations, des poèmes parfois. Très inspirée par la musique, et par mon état du moment, j'essaie de mettre des mots sur des sensations qui me traversent, et qui selon moi, peuvent résonner chez tout le monde.

Je reste dans un registre de l'intime, car c'est ce qui me semble être réel et sincère : ce qu'il y a au fond de nous, et qu'on ne peut pas toujours partager avec autrui. On le partage avec dans le silence, grâce à l'écriture.

Spectacle pluridisciplinaire pour enfants, La Ligue de L'Enseignement

Entre 2008 et 2012, je suis animatrice artistique lors de séjours de création pour enfants. Théâtre, danse, musique, peinture live, nous écrivons, répétons, organisons un spectacle pluridisciplinaire qui aura lieu devant les parents et habitants du village à la fin du séjour.

Cette fois-ci, à la direction artistique, je coordonne tous les ateliers avec tous les animateurs, et responsable des ateliers théâtre, j'écris la pièce pluridisciplinaire Images-In-Air.

C'est l'histoire dune groupe d'enfants qui, lors d'une détenue à l'école pour cause de retard, tombent malencontreusement sur un grimoire bizarre, caché dans le bureau de la proviseure...

Aspirés à l'intérieur, ils dévalent les pages et rencontrent tout un tas de personnages parfois sympathiques et parfois terrifiants, les aidant à échapper à la Proviseure/Sorcière, afin de retrouver leur chemin sortie et rentrer chez eux...

Nous avons joué dans la cour du Château de Baugé, dans le Maine-et-Loire, à la fin d'une journée de juillet

Texte pour le Fanzine "Coucou sur le thème de la Fête : Les Fauves, 2013

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Anaïs Dadak - Coucou #3

Les Fauves

2013
 

"Eh meuf, t'as trop le swag !"

Il est minuit.

 

Je me retourne, et je vois cette bande de mecs, en train de rigoler dans une vieille Peugeot. Ils me sourient depuis la fenêtre, et foncent sur l’avenue. Moi, je suis sur le trottoir, je marche dans la nuit vrombissante du vendredi soir pour rejoindre mes copines. On se fait une soirée gonzesses, pour la soirée Nova au Rex. Nuits Fauves. Ça ne m’étonne pas de me faire héler par ces jeunes types : comme d’hab, avant de sortir, je fais un peu gaff à ma dégaine. Je crois qu’ils ont bien aimé mes baskets colorées, ma longue veste bleue marine, et ma bonne vieille casquette Nike à l’ancienne.

 

Il est 01h. J’attends mes amies devant l’entrée, elles arrivent en retard, un peu pompettes déjà. Elles me font marrer. On descend les marches de l’escalier et on atterri dans ce sous sol insonorisé qu’on connaît si bien.

 

Et c’est parti. Le son est fort.

 

Les gens ont l’air en forme.

Ça fume des cigarettes électroniques, ça danse les poings serrés.

Ça boit, ça rigole, ça gigote sous le balayage des néons et autres lumières en plastique.

 

Les gens crient.

 

Il est 3h. Je crois que la musique nous transporte tous plus ou moins au même endroit. Plus personne ne parle. Le public se calme, puis s’agite.

Des fauves.

 

C'est ça la teuf en 2013. Une horde de mecs et de meufs cool, plus ou moins défoncés, qui sortent leurs émotions sur de la techno industrielle, dans un monde souterrain. Nous sommes dans le futur.

 

Il est 4h40. Je commence à fatiguer. 

 

Je sors mon téléphone portable et pour écrire.

"Tu fais quoi ? me lance une de mes amies.

- Je dois faire un défi."

 

Elle n’a pas bien compris, mais elle se doute que je n’écris pas cette note juste pour moi.

 

Je me retourne. Dans le son, y a ce mec avec une casquette fluo.

Je le remarque.

Il est beau. Il dégage un truc cool qui retient mon attention.

J’hésite à aller lui parler, mais je ne sais vraiment pas ce que je vais dire…

Je m’abstiens.

Et je pars fumer une cigarette.

 

Il est 5h. Le coin fumeur est insupportable. J’étouffe.

 

"A la fin du set, on y go ? dis-je à mes copines.

- Ok ça marche !"

 

Je ne bouge plus beaucoup, mes gestes sont un peu désordonnés.

Je ne comprends plus bien ce que fait le mec derrière ses platines, ça va pas ensemble ce qu’il passe. Ou alors c’est dans ma tête que ça ne passe pas bien.

Les filles me font un signe du regard.

 

« 2 secondes, leur dis-je, je dois faire un truc avant de partir. »

 

"Excuse moi, je voulais juste te dire que je trouve que tu dégages vraiment une belle énergie.

- Merci !

- Voilà c'est tout. Bonne soirée.

- Bonne soirée !"

 

Aux vestiaires :

"J'aurais du lui demander son numéro de téléphone.

- Vas-y meuf franchement !

- Nan c'est tout pourri maintenant ça a plus aucun sens.

- Mais trop pas ! Il est jamais trop tard. Il t'a répondu quoi quand tu lui as dit ton truc ?

- "Merci".

- Ah c'est tout ?

- Ouais, il a pas enchaîné tu vois…

- Ah ouais dans ce cas, j’avoue… »

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Mes amis toulousains ont ceé ce petit fanzine des familles. 100% fait maison. Il mêle photographies, dessins, textes, jeux. Pour leur #3, sur le thème de la fête, j'ai envoyé un court texte narrant une soirée parisienne assez ordinaire, et le trajet du retour chez soi.

Il est 5h20.

On sort. Nos oreilles bourdonnent. La fraîcheur de la nuit nous frappe le visage et nous réveille. On se rhabille.

Je roule une cigarette et m'assieds par terre car j’ai les jambes en compote.

 

"Ça va Anaïs ? Ma petite clocharde !!"

 

Les filles manquent de renverser une Vespa sur laquelle elles sont assises. Elles se marrent comme des gosses.

Elles sont trop drôles. Je me lève et m’installe à côté d’elles. On rigole bêtement pour un oui pour un non. Je les aime fort.

 

On se fait un câlin, « Bonne Nuit », on se sépare et je les regarde s’éloigner, comme pour vérifier que personne ne va les emmerder sur le chemin.

 

Ça y est, je suis seule. Je me retourne et je trace ma route.

 

Tous les fauves nocturnes sont agglutinés dans la rue. Ils crient, rient, déambulent ou comatent, agglutinés près des bouches de métros, en attendant que les premiers passent.

 

Moi je marche.

 

Il fait encore bien nuit. Les grands boulevards sont vides. 

 

Un mec vient me parler. « Pas un seul taxi sur les Grands Boulevards un vendredi soir, y a quand même un problème !

- Je suis d’accord… » lui dis-je avec une moue désolée. On est tous un peu frères à cette heure. Et on la connaît bien notre putain de capitale.

 

Je croise les clodos qui dorment, emmitouflés dans leurs sacs de couchages, le long des grands magasins.

Les vitrines brillent de mille feux.

Un peu trop d’incitation à la consommation à mon goût, à côté de ces pauvres mecs sans abris, mais bon, le monde est tel qu’il est.

 

Moi, j’ai mis ma casquette. Je suis une ombre.

 

Il est 5h50. J'ai faim. Un mec gerbe près de l'entrée du métro Saint-Lazare... Les bus de nuit ont fini leur service, je vais à la gare. J'attends les premiers trains.

 

Sur le quai, un mec un peu éméché m’accoste : "Eh, y a que 3 personnes dans le train. Il est 5h55. Eh vous voulez que je vous dise ? Ça veut dire que des gens comme nous, des courageux qui se lèvent à 5h du matin, y en a pas beaucoup.

- Pour te dire la vérité, je me suis pas encore couchée en fait.

- Moi non plus, mais c'est pas grave. On est des courageux, nous. Et ce qui est important, c'est d'accomplir son rêve. Qui que tu sois, que tu sois rousse, brune...

- Excusez-moi vous avez du feu s'il vous plait ? un autre mec vient me parler. Merci. Bonne soirée.

Je conclus ma conversation avec le bourré du quai :

- Bon ben bonne soirée ! »

Et je me casse.

 

Il racontait un peu n’importe quoi quand même…

 

Il est 6h, assise dans le train, j’ai envie de dormir. Le train s’ébranle. Je fixe les rails pour empêcher mes yeux de se fermer. J’y vois vaguement le reflet du ciel qui s’éclaircit : le jour semble se lever. Le train ralenti, c’est ma station. Je sors.

 

Il est 6h15. Sur le chemin entre la gare et la maison, je croise une petite fleur toute seule par terre.

Je la ramasse et décide de la garder dans la main, elle est jolie.

 

6h30. Je sors mes clefs de ma poche.

Maison. Manger. Pyjama. Brossage de dents. Dodo.

Improvisation, Pete The Monkey Festival

Pete The Monkey Festival 2019

À Saint-Aubin Sur Mer, à l'occasion du Pete The Monkey Festival, il a été proposé aux festivaliers de se pencher sur une machine à écrire, dans un décors bucolique, et d'écrire quelque chose à quelqu'un, quelque chose qu'ils ont besoin d'exprimer, qu'ils n'ont jamais dit ou jamais pu dire.

Les textes ont ensuite tous été accrochés sur un fil, laissés au vent, afin que les lettres se détachent et que l'air transporte les messages à travers l'espace et le temps.

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Mon texte :

"Hello,

J'aimerais te dire que tu es pleine de surprises.
Je ne comprends pas bien où tu m'emmènes au juste.
Je me sens souvent perdue.
Je n'arrive pas toujours à faire le lien entre toutes les parties qui me composent.
Plus je grandis, moins j'ai l'impression de me connaître.

Je pensais que le but de la vie était une sorte de quête de soi et d'accomplissement personnel sincère, ou en tous cas puissant.
Je ne sais pas à quel moment je me suis complètement plantée... La vie, en tous cas la mienne, aujourd'hui, me perd bien plus qu'elle ne me retrouve et elle ne ressemble pas à l'idée que je m'en étais faite.

(Je me demande bien d'ailleurs à quel âge j'ai commencé à me faire une idée de la vie. Ça doit se faire tout seul, ce genre de choses, quand on est gosses. C'est-à-dire quand on n'y comprend pas grand chose à pas grand chose. Ha ha ! Ou alors peut-être que justement, c'est le moment où on avait tout compris.) Parfois, j'ai comme l'impression qu'on est bien peu de choses. C'est comme si la vie se produisait et qu'à aucun moment on nous demande notre participation réelle ou notre avis. On est vivants mais notre vie de nous appartient que partiellement.

Quand je serai vieille, je comprendrai peut-être le but ou le mécanisme de tout ceci, ce qui régi les êtres vivants entre eux... D'ici là j'ai encore le temps de me perdre, et de tenter de faire un truc pas trop mal, ou en tous cas, d'être quelqu'un de pas trop mal. :)

Voilà ! Bisous (...) et merci pour ce moment d'écriture et de nature et de musique et de féérie ! À bientôt !"

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Texte pour Le Miamour, Maison Internationale d'Arts, Paris
À l'occasion de l'Appel à Textes pendant le Confinement.
Premier Printemps (Bas-Âge), août 2019

Le Miamour, Paris

Texte publié par Le Miamour, nouveau lieu artistique à Paris, ouvert juste avant le Confinement.

Durant cette période si particulière, Le Miamour a lancé un appel à texte. Je leur ai envoyé une grande note rédigée l'été d'avant, sur la sensation de simplicité et d'enfance. Initialement le titre du texte était Premier Printemps. Je lai modifié pour le nommer Bas-Âge, mais les deux titres marchent bien.

Bonne lecture, et bon retour en enfance, en douceur, en insouciance.

Page internet du Miamour ici.

 

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Bas-Âge

(Premier Printemps)

Août 2019
 

La Mélancolie est ma Zone Grise.

 

On a tous besoin d’un endroit où on se sent comme en vacances. Un lieu qui nous extrait de la vie que l’on mène de manière normale. Quelque part où les contraintes sont diffuses, étalées dans le temps, où rien n’est jamais pressé, rien n’a beaucoup d’importance. Ça glisse gentiment au fil des heures et du temps, c’est un jour férié, passé à la maison, à ranger ses affaires, faire sa lessive, regarder ses plantes, une tisane à la main, pendant que le chat joue quelque part. Les enfants, les amis, les colocs ne sont pas encore rentrés, ou bien chacun affairés à quelque chose. Le calme solitaire est alors d’un repos inégalable.

 

On a tous besoin d’un moment pour un peu s’échapper, avec douceur, prendre le temps de regarder ses mains, ses jambes, ses pieds, les objets qui nous entourent, les couleurs, s’émerveiller à nouveau. Sortir le regard de ses habitudes et l’envoyer promener vers de nouvelles contrées. Ces moments où, à l’intérieur, il y a comme la douceur du laisser vivre, du laisser aller, l’infini. L’amour.

 

Quelque chose dont on se souvient qui date de tout petit, une sensation de découverte du monde et de bienveillance, de simplicité. On allait encore probablement pas à l’école à cet âge-là. Les problèmes n’avaient pas encore démarrés. C’était l’insouciance, la vraie. Dans les bras de papa, maman, à la maison, dans la chambre, le jardin peut-être pour certains, avec le ciel et les oiseaux. Des sons. On donne la main. Les gens parlent et disent des trucs, mais ils sont trop grands, donc trop loin, on ne comprend pas bien ce qu’ils racontent, et on s’en fiche en fait, ce n’est pas très important. On a le droit de ne pas se concentrer. De ne pas écouter, de ne pas faire d’efforts…

 

C’est un petit rire, une odeur de Biafine, de talc, après le bain. La serviette chaude et douce qui nous enrobe. C’est peut-être le premier printemps ? De notre vie ? Les premiers pas ? En équilibre sur ses deux pieds pour regarder le monde autour de soi. Tout est grand. Tout est loin. Tout semble à découvrir, et on a le temps. C’est bien. Tout est invisible. Rien n’existe. Même pas soi-même, Soi-même n’existe pas encore. Tant mieux. Encore un peu de répit avant les franches rigolades et la cour de récré. Encore un peu de répit avant les crayons, l’alphabet, l’anglais, les jeux de carte. Encore un peu de répit avant les frères et soeurs, les autres, l’éducation, les rituels, la fin du début de tout, et la fin de l’état d’émerveillement constant.

 

Les arbres bougent, les feuilles bruissent, le soleil se cache doucement derrière quelque chose un peu plus haut, les nuages avancent lentement, il fait doux. Aucun soucis à l’horizon. Quelqu’un s’occupera de nous de toutes manières. On aura qu’à faire ce qu’on nous dit, et demander ce dont on a besoin. Manger. Marcher. Ramper. Dormir. Faire un câlin. Aller là-bas. Toucher ce truc. Tourner la tête. Revenir par ici. Regarder de l’autre côté. Jouer avec sa chaussure. Attraper le petit canard jaune. Le balancer au loin. Partir. C’est le premier printemps de notre vie. Vacances.

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